dimanche 10 novembre 2013

Les bébés des femmes incarcérées ne devraient pas être condamnés à vivre sans lait maternel .

La grande majorité des 10.000 bébés nés de mères incarcérées aux Etats Unis sont privés de leur mère – et de lait maternel.

TRADUCTION PAR « L » D’UN ARTICLE DE MAYA SCHENWAR SUR THE GUARDIAN.COM
 
En juillet dernier ,mes parents et moi étions assis autour d’une table ,avec ma sœur emprisonnée ,dans la salle des visiteurs ,occupés à discuter. Un cri s’est fait entendre à la table d’a côté. Là,il y avait un bébé en pleurs dans les bras d’une femme en visite. Elle a caressé les doux cheveux du bébé, puis a discrètement ouvert son tee shirt pour l’allaiter. Le bébé s’est immédiatement calmé, têtant tranquillement.

Notre conversation s’est arrêtée, et ma soeur a détourné les yeux. Elle était enceinte de 34 semaines. « Bien ,a-t-elle dit, caressant son gros ventre ,ce ne sera pas nous ». Comme presque toutes les prisons, la sienne ne permettait aux mères d’utiliser un tire lait ou d’allaiter pendant les visites.
Au lieu de cela, ma soeur a du anticipé : 24h avant d’accoucher, un accouchement prévu et provoqué, avec des gardiens présents et aucun membre de la famille autorisé à y assister, son bébé lui sera retiré. Après cela, elle devra rester deux mois et demi de plus en prison. Le temps d’être libérée, son corps ne produira plus de lait.
Bien que 4 à 7% des prisonnières soient enceintes, très peu sont autorisées à allaiter, utiliser un tire lait pour congeler leur lait et nourrir leur bébé avec, et même simplement « pomper et jeter » leur lait pour pouvoir allaiter une fois libérées.

Pour les prisonnières, le déni de leur droit d’allaiter est systématique, empêchant des mères privées de presque tout de prendre soin de leur bébé et de s’y attacher. Le contact peau à peau solidifie la relation mère enfant dans les premiers mois de la vie, et même le fait de tirer du lait et le donner ( sans contact ) augmente l’attachement maternel. Pour les bébés, l’amour de leur mère sera le pilier d’un développement sain. Pour les prisonnières comme ma sœur, qui ont déjà été coupées de la société de tant de façons, cet attachement à son bébé pourrait être une voie vers la réinsertion, diminuant leurs chances de récidiver à la sortie.

Quand j’ai demandé autour de moi pourquoi les prisonnières en post partum ne pouvait même pas utiliser un tire lait pour que leur production ne s’arrête pas ( beaucoup de jeunes mamans ont des peines relativement courtes, alors maintenir la production de lait est utile ), des avocats m’ont dit que les prisons d’état ont tendance à considérer les tire laits comme des instruments qui violent les règles de sécurité. A ce sujet, au Nevada, une prisonnière a qui un tire lait avait été médicalement prescrit a été confisqué à son retour en prison.

 Et donc, la plupart des 10.000 bébés nés dans les prisons américaines chaque année ne sont pas seulement privés de la plus importante personne au monde pour eux – leurs mères- mais aussi privés de la possibilité d’être allaités. Le droit d’allaiter est, à la base, une question de santé publique : les études montrent que le lait maternel joue un rôle important dans la constitution du système immunitaire du bébé. Il apporte des anticorps cruciaux, réduit le risque de maladies respiratoires, de diarrhées, d’allergies et de mort subite du nourrisson. En grandissant, les bébés allaités auront moins de chance de souffrir de diabète, d’hypertension et de cancer. L’allaitement a même prouvé ses capacités à allonger la durée de vie.

Dans le mois qui a suivi ma visite à ma soeur,  j’ai écrit aux législateurs, aux associations et au Département des Détentions d’Illinois, cherchant la raison derrière le manque de tire lait et l’absence de pistes pour allaiter. Beaucoup était surpris de voir que je posais ces questions. Aucune politique anti tire lait immuable n’existait dans les livres, mais depuis qu’aucune loi ne demande l’autorisation des tire lait, ils ne le sont pas non plus.

Cependant, le changement en cours dans les plus petites prisons donnait un peu d’espoir. Quelques associations ont récemment fait des progrès, comme dans le Massachusett’s Prison Birth Project , qui aide les femmes à se procurer des tire lait et a donner du lait congelé à leur bébé. Et grâce à cet état, ses représentants et aux associations, la prison de ma sœur aussi, aussi, a eu le droit à des tire lait. Avec un peu de chance, ce cas sera un exemple pour les autres prisons.

Cette victoire m’a rendue très heureuse. Mais ça a également ouvert la voie a de plus grands changements. Avec ces mères si éloignées de leur bébé, quelques unes d’entre elles ( dont ma sœur ,qui vit a 4h de la maison ) seront capables de passer de l’étape tire lait à l’allaitement en peau à peau durant les visites. Et plus largement, si les premiers mois de la vie d’un bébé sont si critiques – et que le lien qui unit la mère a l’enfant sont si importants pour son développement- une étape primordiale serait de réduire le temps d’incarcération des jeunes mamans autant que possible.
Nous ne ferons pas une société  moins dangereuse en privant ces enfants et leurs mères d’un contact précoce, et des bénéfices de santé publique venant directement de l’allaitement. En fait, nous condamnons des milliers de bébé, à la seconde où ils quittent l’utérus.

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