dimanche 10 novembre 2013

Quand la vie d'avant manque...

Quand la vie d'avant manque..

Déjà, je vais être sincère, j'aime mon bébé, plus que tout. Je ne regrette en rien sa naissance, je ne suis pas dépressive, je préfère le préciser par peur que mes propos soient mal compris, déformés.. Voilà.

Je doute être la seule à avoir été confrontée à ces sentiments. Sentiments qui vous font vous sentir si coupable, désemparée, seule au monde, incomprise. Je suis maman au foyer, j'ai moins de 25 ans. Tout mes amis sont étudiants, sortent beaucoup le soir. Leur vie, c'est mille sensations, leur vie, c'est être jeune, beau, émerveillé, enivré. C'est la passion, l'ivresse, l'amour.
Moi, j'ai souvent senti ma vie m'échapper. A mon âge, déjà, me voilà dans mon foyer. Sans pouvoir en sortir vraiment seule, insouciante, robe du soir et mains dans les poches. Je suis dans mon foyer, avec un bébé, sans mode de garde, ni riche, ni exceptionnelle. C'est plus pareil. Je ne vis plus vraiment : je suis maman, c'est un si beau rôle, c'est tant d'amour, mais dehors, alors, qu'est ce que je perds en restant ici? Qu'est ce qui m'attends? Je ne suis plus moi cloîtrée ainsi, entre 4 murs et quelques dizaines de mètres carrés.
Sentir dans sa chair jusqu'à chaque seconde s'écouler, tic tac tic tac, le cœur battant, la peur immense, l'angoisse, résonnante, les veines palpitantes. Vertige.

Cette ancienne liberté, jour après jour, je fais son deuil, encore. Des mois après l'avoir perdue. J'ai peur de vieillir trop vite, en fait. De me réveiller brutalement très âgée, très seule, sans vécu, sans souvenir, sans parfum. Etre comme tout ces gens qui n'ont pas vécu leur jeunesse comme il le voulait, comme j'ai pu les voir et les entendre. Avoir moi aussi ces yeux tristes, ternes, aux paupières lourdes et aux rides trop marquées d'une vie entière de chagrin, de colère engloutie, errant parmi les autres à la recherche d'un brin, d'un tout petit brin de nouveau, de l'espoir de recommencer comme c'est permis à 20 ans, l'espoir qui nous rends si vivants et si puissants,20 ans et Rois et Reines de tout,20 ans, la vie devant soi... Je la vois s'enfuir, je vois le temps passer, je sens les jours défiler, les chiffres s'étaler, et je n'ai aucune prise sur eux. Mon temps, il passe, il passe...
Oui, oui, je me suis déjà sentie en prison. Heureuse d'avoir le plus beau des trésors, et désemparée, désespérée, parce qu'être mère au foyer, je le vis pas si bien que ça.

Sûrement que je fantasme aussi, grande rêveuse devant l'éternel, que sortir le soir n'est plus si fabuleux, qu'on se lasse des virées sans lendemain, des amis pas si présents, des beuveries qui rendent malade. Que l'herbe est toujours plus verte dans le champ d'a côté, que d'autres m'envient peut être ce magnifique cadeau de la vie qu'est mon enfant. Mais ce ressenti là,il ne s'explique pas, il est là.
Je vais passer un examen, avoir un nouveau travail. Tout n'est pas perdu. J'ai enfin ouvert les portes de ma maison.

Il faut grandir, maintenant. Je t'aime mon fils, je t'aime la vie, je t'aime mon homme.

L
 
 

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