vendredi 11 octobre 2013

En son corps habité, une raison d'un non-allaitement...

En son corps habité... une raison d'un non-allaitement.

Du jour où toutes ces petites cellules commencent à se multiplier dans son corps, elle ne sera plus jamais seule.

Ces petites cellules qui grandissent, prennent place, prennent de la place...

Ces petites cellules qui ne se voient pas, qui ne se sentent pas, mais qui la rende si heureuse, et si fragile ...à la fois.

Cet embryon qui pousse, qui croît en elle, dans son corps forteresse, son corps incubateur...

En son corps habité, cette femme sent que celui-ci lui échappe : ces nausées incessantes, ces malaises inattendus, ce corps envahit, loué à son bébé.

Ce corps qui s'amplifie, qui se modifie, qui lui échappe un peu plus chaque jour.

Elle aimerait lâcher prise, juste profiter, on ne l'avait pas prévenue qu'elle vivrait un tel tsunami émotionnel.

Ce corps habité, endolori, qui crée, qui façonne, qui modèle, ce corps qui n'est plus sien, elle le prête, pour 9 mois.

Ce corps observé, épié, touché, cette pudeur que l'on oublie, cette intimité qui nous échappe, un corps qui n'est plus soi.

Elle attend, elle patiente, elle sait que cela va finir enfin, elle le sait, c'est comme ça que ça fonctionne, cela va finir oui.

En son corps habité, elle a beaucoup imaginé, là où son corps faisait défaut, son esprit s'exacerbait.

Elle ne s'attendait pas à toutes ces émotions, que procurait un corps prêté, mais son bébé arrivé, elle saurait, elle serait prête.

Ce corps qui un jour veut se libérer, ce bébé qui aujourd'hui veut sa liberté.

Ce corps qui de toutes ses forces pousse, qui puissamment expulse, fait naître au monde son enfant.

Cet enfant au corps bien à lui , doux, humide, qui se caresse, se regarde, se sent.

Et elle le sait, on lui a dit, on lui a apprit, elle l'a lu, ici et ailleurs, partout, maintenant, c'est son sein qu'elle doit donner.

Son sein, elle le sait, c'est ce qu'il faut à son petit d'homme, elle essaye, il tête, en sa bouche son sein n'est plus sien.

Mais elle ne peut plus, ce trop plein d'expropriation, elle ne peut plus.

Le corps a ses raisons que la raison ignore. Alors, elle le sait, ce sera moins bon pour lui, mais elle lui donnera un biberon.

Elle va retrouver son corps, son sein, leur appartenance, et elle sera maman, en son corps défendant.

  H.


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