samedi 12 octobre 2013

Histoire d'une IVG d'aujourd'hui.

Je venais d'avoir 24 ans. Il en avait 31.
Nous étions ensemble depuis 10 mois à peine. Je ne prenais pas la pilule, et ce soir-là, on ne s'est pas protégé, autrement dit, on n'a pas mit de préservatif.
Autrement dit : on a joué aux cons.
On avait pas 15 ans. Je viens du milieu du social, il était flic. Nous n'étions... ni idiots, ni non informés, on a juste... oui, joué aux cons.
Mais, le problème c'est que de jouer à la roulette russe, parfois on perd.
Ce soir là, je ne le savais pas, mais j'ai perdue.

J'ai fais mon test de grossesse le 4 janvier 2005.
Mon monde s'est effondré ce jour-là.
J'étais enceinte, surprise, étonnée, effrayée, heureuse, déstabilisée, apeurée... j'étais, pleine de contradiction, j'étais perdue.
Il n'en voulait pas, il n'en a jamais voulu, pas un seul instant, pas une seule seconde.

Moi, sidérée que j'étais, je me suis retrouvée comme une marionnette entre ses mains. Il a tout prit en charge les coups de fils pour l'écho de datation, le rdv avec une généraliste, avec la clinique qui... oui la clinique qui en finirait avec tout ça.
Je n'aurai pas de bébé, pas avec lui, pas avec cet homme qui soudain ne ressemble plus à celui que je connaissais, qui ne ressemblait à rien d'ailleurs. Il était un robot, une machine, j'étais un pantin.

L'écho a lieu. On lui demande en ma présence mon âge, mon nom, la date de mes dernières règles. Je ne suis plus moi, je suis un fantôme, un utérus à vider... c'est cru, c'est moche, mais ce fût ainsi que j'ai ressenti tout ceci, à ce moment là.
27 janvier 2005. Ce fût une IVG par aspiration. Le personnel est doux, rassurant, ne me juge pas, je le fais pour eux de toutes façons.

Il est là lui aussi. Il a prit sa journée. Non ce n'est pas un homme "bien" qui est là pour moi, c'est un homme, qui est là pour lui, pour s'assurer que l'IVG se fasse bien.

Elle se fût bien cette IVG. La douleur post-opératoire fût terrible, même le drap de mon lit semblait brûler ma peau. J'osais à peine demander de l'aide, demander d'être soulagée, comme si je me punissais pour cet acte...

Je reçus tout de même des antalgiques, et je rentra chez moi l'après-midi même.

Je vais vous passer relativement rapidement la suite immédiate de cette IVG. Je fût anéantie, je n'avais parlé de tout cela à personne dans un 1er temps, j'étais honteuse, surtout de la manière dont c'était arrivé...

La culpabilité me rongeait, et il fallait que j'en parle, à tout le monde même, jusqu'à en parler même à un prêtre, comme si je recherchais l'absolution, d'un crime, un crime qui n'en était pas un, qui n'en est pas un.

Aujourd'hui je suis maman, 2 fois, et avoir des enfants m'a fait accepter cette IVG, aujourd'hui, je me dis que j'ai bien fais, de construire ma famille autrement.

Ceci est MON histoire, ce n'est pas un plaidoyer.
C'est MON témoignage, celui qui vient de mes tripes. Authentique et sincère comme je tente toujours de l'être.

J'ajouterai juste une dernière chose qui me tient particulièrement à cœur. L'IVG est un droit, un droit qui doit être protéger, incontestablement.
Et surtout, il n'y a pas d'IVG "méritée", peu importe si vous aviez 2 stérilets, 3 pilules et 4 préservatifs qui étaient censés vous protéger et qui ont faillis.
Ou qu'au contraire, vous ne vous êtes nullement protégé, vous avez le droit à une IVG.

Vous y avez droit, sans le devoir de vous justifier envers qui que ce soit.

H


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